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Pertes Et Fracas : Notes sur le Manque

Ode à mon Cœur

14 Septembre 2016 , Rédigé par Damien V. Isoard Publié dans #Notes

Ai-je aimé depuis tant d'années ? La question torture mon esprit et chaque jour menace de m'enlever. Tu étais là, tout comme mon cœur. Tu n'étais plus, tout comme mon cœur. La seule explication se trouve céans. Tu l'as emmené, vers de verts édens où vous dansez tous deux une gigue à faire pâlir les fêtards d'une St Patrick trop arrosée. Vers de bleus océans où seuls face à l'azur vous tournez lentement sur une longue sarabande. Vers de blancs nuages où le ciel tourne tandis que vous valsez, amoureux. Rends-moi mon cœur, je voudrais hurler. Te contraindre à remettre en sa place, noir gouffre depuis ton envol, cet organe dont j'ai tant besoin pour vivre. Garde-le, je voudrais hurler. S'il est heureux et loin de moi, si tu es heureuse et loin de moi, alors restez ensemble, ainsi pour l'éternité.


Comment as-tu pu l'emmener vers le royaume du Styx ? Comment as-tu fait ? Oh toi, objet de mes vers et de mes alcoolismes déraisonnables ! Oh toi, muse de mes chansons et de mes délires hallucinés ! Oh toi, déesse de mes rêves et de mes cauchemars. Était-ce parce qu'il était déjà mort ? Mon pauvre cœur qui avant toi ne battait pas encore s'en est-il allé dès lors que celle qui lui inspirait sa force et son amour s'est éteinte ? Je ne peux lui en vouloir. J'aurais moi aussi aimé te rejoindre dans les contrées verdoyantes, les bleus océans et les blancs nuages.

Te souviens-tu, où que tu sois, des journées magnifiques où nous nous baignions dans ta lumière, toi mon feu de joie, mon astre, ma galaxie ? Ou de ces nuits où nous nous murmurions des mots que nous seuls pouvions comprendre, ta voix soufflant sur mes oreilles un menuet, une sonate, une symphonie ? Raconte-lui. Remémore à mon cœur ce passé magnifique. Explique-lui cette époque merveilleuse. Raconte-lui encore ce temps béni. Peut-être que malgré la distance, il pourra m'en faire part. Peut-être que grâce à cela, grâce à toi une fois de plus, je revivrai.

Il me manque, tu sais. Tout comme toi. Sans ce cœur, je ne peux plus aimer. Sans toi, je n'ai plus personne à aimer. Sans vous, ma vie est vide. Je vis, chaque jour, participe à des festins, des nuits de débauche, des échanges de verbes, mais jamais au grand jamais l'Amour ne vient me toucher de son aile salvatrice. Alors ce cheminement sans aucun sens continue. Il me faudrait oublier, t'oublier... Mais tant que tu tiendras mon cœur entre tes doigts pâles et graciles, il me sera impossible de m'éloigner de ce que fut la vie à ton côté. Mais ne le lâche pas, au grand jamais, car en aucune façon je ne veux t'oublier. Que dois-je faire ? Réponds-moi, mon cœur ! Réponds-moi, ma muse !

Oh toi l'Immortelle qui pourtant s'en est allée, dois-je aimer à nouveau ? Si tel est le cas alors pourquoi vois-je encore tes yeux quand je ferme les miens ? Pourquoi entends-je encore ta voix dans la nuit ? Pourquoi sens-je ton corps sur ma peau en lieu et place de celui de Morphée quand d'aventure je vaincs enfin l'insomnie ? Et si tu me veux pour toujours à ton côté, alors pourquoi t'en es-tu allée ? Si tu savais à quel point, durant ces longues nuits blanches, j'ai pu te haïr. Les mots se couchant sur le papier n'ont jamais pu remplacer ton corps se couchant sur le mien. Ils n'étaient que venin envers toi, geôlière de mon cœur. Comment peut-on abhorrer à ce point un être que l'on aime en toute chose ? Après que cet ouragan fut passé, j'ai fini par revoir ton visage souriant dans mes rêves et plus l'ombre qui l'avait remplacée jusqu'alors.

Et ai fini par t'idéaliser. Et toutes sont devenues rien de plus qu'une branche là où tu es la forêt. Une goutte d'eau face à la mer. Un rocher contre un astre. Je ne peux plus aimer car en plus de m'avoir pris mon cœur, tu as volé mes sens. Mon regard ne voit qu'une paire d'yeux bleus et un visage angélique dans la noirceur de mon quotidien. Mes oreilles entendent ta voix belle et rauque à la moindre parole prononcée. Chaque effluve qui émane autour de moi me rappelle les fraises dont tu raffolais. Chaque brise d'air caressant mon corps me semble chargée de ton essence. Ma langue, elle, pleure chaque seconde pour à nouveau goûter ton corps car jamais elle n'a pu retrouver une telle saveur.

Seul dans mes rêves, cependant, je peux te retrouver. Pourquoi faut-il se réveiller ? Mon cœur s'en revient vers moi la nuit pour me faire part de tout ce que tu es, me rappeler tout ce que tu as été, en cachant à chaque fois, pour ne pas que le rêve se transforme en cauchemar, tout ce que tu ne seras plus. Ce que tu ne pourras plus être. J'en viens à craindre le sommeil et à le vénérer. Et chaque matin retourne à la réalité pour ce monde froid. Sans toi, sans vous … et sans Amour.

2016

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